C'était la nuit. Une nuit noire, une de ces nuits où l'on regrette la bonne époque où nous étions morts. La foudre se déchaînait sur les pauvres arbres déjà bien mal en point du village, le vent hurlait à nos oreilles, la pluie cinglait les maigres refuges qu'avaient trouvé nos héritiers pour se protéger de cet orage destructeur. Mais, entre les coups de tonnerres, en tendant bien l'oreille, nous pouvions entendre un semblant de cri, un cri de peur certes, mêlé à de la rage, mais d'où transpirait également une étonnante bravoure. Ce cri là, c'est celui que l'on fait lors d'une bataille que l'on sait perdue d'avance. Ce cri là, il appartenait à un seul des héritiers. C'était celui d'un panda, du panda, c'était celui de Sabathan.

Ce matin là, une armée de Bworks endurcis, venus directement de l'antre du Bworker, avaient décidé qu'il était plus que temps d'agrandir leur territoire. Nous étions naturellement la cible première : héros de jadis, habitués à la tranquillité de celui qui se sait intouchable mais bien affaiblis oui, déchus de notre place de vainqueur par la cruauté et la fourberie d'un Dieu. Insensibles à l'orage meurtrier qui commençait tout juste à se faire menaçant, ils pensèrent que cette nuit serait la bonne, que nous serions tous cachés, tremblotants dans nos sous-sols, dispersés, faibles. Ils avaient raison. Nous étions tous prostrés dans nos abris de misère. Tous, sauf un.

Sabathan devait, celle nuit-là, avoir quelque problème intestinal, ou que sais-je encore, qui l'avait forcé à sortir de sa cachette. toujours est-il qu'il était dehors quand les Bworks arrivèrent, massifs, armés, déchaînés. Notre panda pensa à s'enfuir, oui. Une fraction de secondes. Il hurla à ses camarades de venir l'aider, et quand il vit qu'aucun ne l'entendait à cause de l'orage, son cri se fit plus incisif : "STAFF EN MOUUUUUUSSE OMG".
Seul, il se mit donc face à l'ennemi, dégaina son arme, et réfléchit.

Les Bworks se massaient autour d'un bonhomme vert, petit et svelte. Il dégageait de la puissance. C'était lui, leur chef, le Bworker, sans doute possible. Sabathan pensa donc à tout ce qu'il avait entendu sur les bworks, il réfléchissait à toute vitesse dans cette tension qui précède une bataille. Les bworks étaient stupides, très stupides. Certes. Ils avaient de la force brute, mais ne l'utilisaient que pour foncer sur un ennemi. Que s'ils en recevaient l'ordre. Oui. Les bworks avaient besoin d'un chef pour attaquer. S'il tuait le chef, les bworks repartiraient. Ce n'était pas certain, mais ça pouvait marcher. Sab invoqua son chevalier d'astrub qu'il envoya vers la gauche. Une partie des ennemis le suivirent. Il appela ensuite son Pandawasta, qu'il envoya vers la droite. Encore une fois, une partie des ennemis le suivirent. Il lui restait peu de temps. Il fonça dans ce qui restait de moches, transperça, piqua, découpa, en courant, s'enfonçant toujours plus dans la masse, et atteignit enfin le Bworker.

Le combat fut rapide. Quelques vagues à l'âme pour l'étourdir, et la lame de notre panda s'enfonçait dans le cœur de son ennemi. Le cri que poussa ce dernier à sa mort effraya ses comparses. Celui que poussa Sabathan pour sa victoire les fit fuir pour de bon. Les Bworks avaient laissé sur place nombre d'armes, de casques, et d'autres choses bien étranges. Cependant, un seul objet attira le regard du panda. Il rougeoyait dans la nuit, d'une lueur presque malsaine. Il devait appartenir au Bworker. C'était un coffre. Sur ce coffre, quelque chose semblait avoir été écrit avec du sang. "Coffre Impérial"